Hommage à Nouky Bataillard
prononcé par Daniel Cherix, secrétaire de la Fondation Pierre et Nouky Bataillard, lors des obsèques le 29 octobre 2019

Ma chère Nouky,

Tu me permettras de dire à quel point le poème « Je suis habitée par une grande force », que tu as écrit il y a fort longtemps, est toujours d’actualité et te représente tellement bien.

D’abord, il y a cette force que l’on sent et qui était en toi, cette quête d’absolu, cette route que tu as parcourue avec Pierre, puis seule, mais en avançant toujours, ce que tu as fait jusqu’au bout de ta vie. Aujourd’hui, tu rejoins Pierre et tu nous laisses un peu orphelins de ton esprit, qui nous a animés au cours de ces nombreuses années passées au sein de la Fondation Pierre et Nouky Bataillard.

Je relève juste les derniers mots de ton poème: « je sais que j’ai raison », oui – pas pour toi, même si cela fait sourire certains, mais pour que la poésie soit réalité.

J’aimerais te remercier, toi et Pierre, de nous avoir « recrutés » avec mon ami et collègue durant 30 années au Musée cantonal de zoologie, Michel Sartori, directeur de cette vénérable institution. Quand je dis recrutés, c’est évidemment un peu provocateur, mais vous nous l’aviez bien clairement expliqué : nous allions devenir devenir des experts au sein de la Fondation « Pierre et Nouky Bataillard » que vous étiez sur le point de créer. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés un beau matin, il y a une trentaine d’années, devant le notaire Olivier Verrey, pour entériner cette création. Jeunes et plus trop naïfs, nous avions bien compris vos attentes. Vous souhaitiez participer à des actions dans le domaine de l’environnement à une époque où les milieux scientifiques prédisaient déjà des catastrophes mondiales au niveau de la biodiversité, du climat et de notre environnement en général. Vous aviez besoin d’aide pour éclairer vos choix. C’est ainsi que débuta notre parcours au sein de cette Fondation qui, au cours des années, s’agrandit avec l’arrivée de René Pfulg (trésorier), puis Claude Paquier (aujourd’hui président), Sylvie Visinand (disparue trop tôt en 2012), et plus récemment Béatrice Béguin et Barbara Fournier.

Grâce à votre engagement, nous avons ainsi pu soutenir plus de 90 projets touchant à la protection de notre environnement ainsi que des projets artistiques. En effet, Nouky, tu souhaitais élargir les buts de la Fondation et, en 2002, nous avons modifié les statuts en permettant d’apporter une aide ponctuelle à la création artistique notamment dans les domaines littéraires, picturaux et graphiques. De plus, la Fondation devait entreprendre une action, sous quelque forme que ce soit, au moins tous les cinq ans, en faveur de la culture. C’est la raison pour laquelle, en 2013, la Fondation a organisé une exposition à l’Espace Arlaud intitulée « Pierre Bataillard, graphiste et peintre, 60 ans au service de l’image » (du 8 mai au 21 juillet), exposition dont la réussite a été le fruit du travail de Marianne Bataillard, qui en a été la commissaire.

Il y a maintenant trois ans, tu souhaitais mettre sur pied un concours littéraire. Grâce à l’efficacité de Béatrice Béguin, le concours fut lancé à l’occasion de la manifestation du Livre sur les Quais à Morges en 2016. Il s’agissait d’un concours de nouvelles sur le thème de la nature. 86 auteurs adressèrent leurs proses et un comité de lecture composé de pros et de toi-même dévorèrent les projets et sélectionnèrent sept nouvelles publiées sous le titre de « Nature » aux Editions L’Age d’Homme en 2017.

Mais la Fondation Pierre et Nouky Bataillard, ce ne sont pas uniquement ces grands événements qui animent les médias, ce sont surtout toutes ces réunions chez toi ou chez notre Président, ces échanges et discussions passionnantes, voire passionnées, et ces soutiens discrets à des projets de qualité. Ce furent aussi des sorties annuelles qui nous permirent, à Michel et à moi-même, de vous faire découvrir des lieux de nature insolite à travers le canton et parfois même à l’extérieur de ce pays de Vaud si cher à toi et à Pierre. C’est notamment dans le canton de Berne à Bellelay (Commune de Saicourt) que toute la Fondation s’est retrouvée pour son excursion annuelle cette année au mois de septembre pour découvrir le Sentier des libellules que la Fondation avait soutenu. Ta dernière sortie Nouky en notre compagnie.

Je devrais maintenant passer aux autres raisons qui m’ont fait apprécier nos rencontres, Ce serait un peu fastidieux d’énumérer ceci, cela. J’aimerais terminer cette bien modeste prose en soulignant ce que j’appréciais chez toi, notre vice-présidente. Très vive et toujours prête à discourir, tu étais aussi très attentive à nos explications lorsque, comme des entomologistes que nous sommes, nous décortiquions les valeurs cachées d’un projet.

Tu admettais que la technologie actuelle ne te concernait pas trop, mais tu as aussi admis assez facilement, que pour assurer la visibilité de la Fondation, il était indispensable de créer notre propre site internet.

Tu reconnaissais les flatteurs et ne gardais pas toujours la langue dans sa poche, mais, et je terminerais par ces mots, jamais au sein de la Fondation, nous n’avons élevé la voix, si ce n’est par nos rires et toutes nos décisions se sont prises à l’unanimité. Nous te sommes très reconnaissants, Nouky, de nous avoir accompagnés durant toutes ces années pour ce soutien à l’environnement qui, aujourd’hui, encore plus qu’hier, a besoin de l’engagement de toutes et de tous.